Compte-rendu du Symposium de Collioure | Découvrir les mystères du cerveau pour mieux apprendre et enseigner

INITIATION À LA NEUROÉDUCATION :

Symposium organisé par INI, Institut de Neurodidactique International, au Centre Culturel de Collioure, le mercredi 24 juillet 2013

Le premier symposium sur la Neuroéducation, organisé par le Dr Pierre Huc et le Prof. Brigitte Vincent-Smith, respectivement Président et Vice-présidente de INI, s’est tenu le 24 juillet dernier au Centre Culturel de Collioure.

M. Michel Moly, Maire de la ville et Premier Vice-Président du Conseil Général, dont le soutien a été déterminant, honorait cette manifestation de sa présence. On remarquait parmi près de 200 auditeurs français et étrangers, les stagiaires de l’Université d’été du Centre Universitaire d’Études Françaises (Université de Perpignan Via Domitia), tous professeurs de français dans leur pays respectif et originaires de plusieurs nations européennes, ainsi que du Maghreb, de Russie, du Kazakhstan, du Mali et de Colombie.

Le Dr Pierre Huc, neurologue et spécialiste d’électroencéphalographie, a exposé simplement les aspects théoriques et techniques de la neuroéducation ainsi que les bases anatomiques et neurophysiologiques nécessaires à sa compréhension. Il a traité des «neurones miroirs», révélés par Giacomo Rizzolatti, des «neurones de la lecture», décrits par Stanislas Dehaene et de la «plasticité cérébrale», découvertes capitales qui ont totalement modifié depuis quelques années notre compréhension de l’activité du cerveau. Il a insisté ensuite à titre d’exemple sur les enseignements pratiques à en tirer pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, invention humaine née en Mésopotamie il y a seulement 5000 ans.

Le Prof. Brigitte Vincent-Smith, Didacticienne du Français Langue Étrangère/Seconde, est revenu sur le rôle de «neurones miroirs» et a évoqué l’hypothèse séduisante du «mimétisme», du « désir mimétique » et du «troisième cerveau» du Dr J.M. Oughourlian, disciple du philosophe René Girard. Elle a abordé le principe d’adhésion au théâtre (Y. Bressan, S. Hamdi), son apport en pédagogie et brossé un parallèle entre théâtre et enseignement. «Chaussée des lunettes» de la neuroéducation, comme aurait pu le dire J. M. Oughourlian, elle a ensuite commenté le tableau des oppositions méthodologiques du Prof. Christian Puren, didacticien des «langues-cultures», et en a conclu de donner la priorité absolue à l’oral dans l’enseignement des langues, tout au moins aux niveaux élémentaires. Elle a enfin parlé des «diverses intelligences», ou plutôt des «diverses aptitudes», et de ses conséquences possibles en salle de classe dans le cadre des «méthodes coopératives» appliquées aux quatre habiletés, à l’interdisciplinarité, à la transversalité des connaissances et au bilinguisme.

Le Prof. émérite Claude Combes, membre de l’Académie des Sciences, a fait un exposé remarquable sur l’évolution et l’histoire de l’homme à la lumière des découvertes archéologiques. Il a insisté sur l’augmentation brusque et inexpliquée du volume du cerveau, sur ses 100 milliards de neurones et leurs millions de milliards de connexions et sur les hypothèses concernant la naissance du langage. Seul l’homme le possède, ce qui lui permet de communiquer et d’améliorer ses relations sociales, ses pensées et son intelligence. L’apparition du langage pourrait être relativement récente, entre 100 000 et 160 000 ans, mais sans certitude. Claude Combes a ensuite rappelé l’hypothèse «provocatrice» de Chomsky sur l’existence d’un centre nerveux inné de la grammaire universelle dont nous aurait généreusement doté l’évolution. Il a évoqué pour terminer l’idée d’une humanité occupant une «niche vide», la «niche cognitive». Ces données, confrontées à la neurophysiologie du langage, pourraient nous aider à déterminer quelles sont les meilleures méthodologies pour l’enseignement/des langues.

Le Prof. Sami Slimi, de Tunis, Inspecteur de l’Éducation Nationale en Tunisie, a évoqué, avec conviction et détermination, le projet d’Institut de Neuroéducation dans son pays en partenariat avec INI et a rappelé avec une grande clarté quelques principes fondamentaux, souvent oubliés, des méthodologies de base en enseignement.

Le Prof. Julien Mercier, spécialiste des neurosciences appliquées à l’éducation, Université du Québec à Montréal (UQAM), a évoqué l’historique de cette démarche et nous a appris qu’en 1896 un neurologue souhaitait déjà le rapprochement des neurosciences et de l’éducation. Très impliqué dans les recherches sur l’interaction enseignant/apprenant, il a brillamment exposé les travaux récents menés à l’UQAM sur l’expertise et le rôle des conceptions naïves dans le changement conceptuel dans l’apprentissage des sciences. Il a ensuite évoqué la charge cognitive, l’engagement et la vigilance dans la résolution de problèmes (en sciences et dans la planification pédagogique).

La journée s’est prolongée par de nombreuses questions sur la neuroéducation, son intérêt, ses principes et ses applications. Les échanges et les discussions, suivis par un public averti, se sont prolongés et n’ont cessé que tardivement en fin d’après-midi.

Les initiateurs de cette journée d’introduction à la Neuroéducation remercient tout particulièrement le Prof. émérite Donald Smith (Université Carleton, Ottawa) pour son rôle d’organisateur, de présentateur et de modérateur sans lequel cette manifestation n’aurait pu avoir lieu dans d’aussi agréables conditions.

Faire connaître la Neuroéducation au corps enseignant, aux étudiants et au grand public, but essentiel de ce premier symposium organisé par INI, semble atteint si l’on considère le nombre de participants, la qualité des conférenciers, les échos très positifs reçus et les nombreuses demandes d’adhésion à INI. Les perspectives sont donc prometteuses pour INI qui oeuvre actuellement à :

1)- Finaliser un partenariat avec l’Université du Québec à Montréal et sa nouvelle unité de recherche, Neurolab, dirigé par J. Mercier

2)- Créer un Institut de Neuréducation en Tunisie en collaboration avec Sami Slimi

3)- Organiser une «Journée annuelle sur la Neuroéducation à Collioure»

Collioure, le 5 août 2013

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Michel Moly, Maire de Collioure, 1^er Vice-Président de l’Assemblée Départementale, ouvre le Symposium